Beine

Avant la guerre :

La vie du village en 1905 :

il y avait un postier, un aubergiste, un tabac, un café, un charcutier, un charron, des cordonniers, des couvreurs, des cultivateurs, des maçons, des maréchaux, des menuisiers, une quincaillerie et des tailleurs.

 

 

Pendant la guerre :

Les difficultés de la vie quotidienne :

L'armée française se repliant de Belgique passe à Beine les 1er et 2 septembre 1914. Les Allemands arrivent le 3 et pillent les maisons des personnes qui sont parties. Les réquisitions sont violentes. Les deux tiers de la populations civile avaient dû quitter leur foyers et ceux qui restèrent connurent les lourdes contraintes d'une cohabitation forcée avec l'armée occupante. 280 habitants sont restés dans la localité. Les civils furent obligés de travailler dans les champs , ou astreints à camoufler les tas de craie retirés des tranchées. En novembre 1914, Mme Veuve Tribout qui n'a pas voulu s'abriter tombe frappée à mort par un éclat d'obus. C'est la première victime civile. Le 23 décembre, toujours à Beine, cent cinquante personnes sont déportées. Une seconde déportation est organisée pour Pâques de l'année suivante. Les "boches" veulent se débarrasser des vieillards et des familles nombreuses. Une mère dont le dernier enfant n'a que 3 jours, est hissée sur un tombereau ! Tous ces habitants sont dirigés sur les Ardennes. Quelques uns se font rapatrier en France libre. Les vieillards meurent pour la plupart en exil. Le 19 mars 1917 c'est l'évacuation générale du front. Les cinquante six derniers habitants de Beine sont conduits à Bazeillles puis à Daigny, où ils retrouveront leur curé nommé là...par les Allemands. Le ravitaillement d'abord difficile s'établit peu à peu, les personnes qui logent les officiers, plus avantagées, partagent avec les autres. Les vivres du ravitaillement hispano-américain arrivent régulièrement à partir du 1er avril 1916.

 

Les bombardements :

Lorsque que se produisaient des bombardements français, les habitants se réfugiaient dans les caves. Les obus écrasaient les maisons. De la riante forêt de Beine, il ne reste plus que des moignons noircis, calcinés. Les allemand font sauter les églises, prétextant que les clochers servent de points de repère aux artilleurs français et toujours, inlassablement les obus continuent à écraser la ligne des monts transformant la campagne en un paysage de désolation et de mort.

 

La reconstruction :

Beine n’est plus qu’un tas de ruines. Toutes les maisons sont détruites sauf 2 sérieusement endommagées mais debout . La campagne est creusée de profonds entonnoirs, trous de bombes, tranchées et hérissée de barbelés. La craie est à nu. Les hommes reviennent, construisent des baraquements provisoires, au milieu des ruines.

Les familles rentrent. Yvette LUNDY se souvient :

« Nous cheminons entre tranchées et cratères, éboulis et arbres couchés, …Lorsque nous arrivons à Beine, papa reconnaît dans la rue principale, …, deux grosses bornes dressées au milieu d’un champ de ruines, …, c’est là !..., je n’avais que trois ans. »Le village, détruit par les bombardements, bénéficie d’une aide à la reconstruction au titre des dommages de guerre. Une coopérative de reconstruction est créée. Au mois de septembre 1919, à la réunion à la sous-préfecture d’Epernay, 2 propositions sont soumises au choix des maires :

soit abandonner leur commune alors déclarée « zone rouge »soit tenter d’y redonner vie.

Le maire de Beine, Mr Portevin, se déclare partisan de la seconde solution . Lors de la séance du 10 novembre 1919 à 13h30 présidée par Mr Auguste PORTEVIN Maire, est évoqué le fait que Mme HUGUET, en souvenir de son défunt mari qui aimait la France, a décidé de faire don de 350 000 francs* à la commune de Beine : somme qui devrait servir à capter une source afin de fournir de l’eau aux habitants chez eux, à construire une école, le surplus disponible devant servir suivant les décisions prises par le Conseil Municipal dans l’intérêt général des habitants.Mme Yvette LUNDY se souvient encore :

« Une riche Chilienne, Mme Huguet, devient la marraine du village : ses dons permettent de reconstruire la mairie, l’église, l’école et le réseau d’adduction d’eau.

 

Elle financera, sur ses fonds propres, l’achat de fournitures scolaires pour les 20 années à venir !

De temps en temps, elle vient au village pour se rendre compte de l’avancement des travaux.

Tous les notables, maire et curé en tête, sont sur leur trente et un pour accueillir notre mécène.

Je me souviens d’une femme distinguée qui prend le bras de papa tandis qu’il lui fait visiter le chantier. »

A bras, puis avec l’aide de leurs chevaux, les hommes s’attaquent aux champs. Mètre carrépar mètre carré, il faut combler les entonnoirs, les sapes, les tranchées. Il faut récupérer les obus, les transporter au bout des champs. Là, le service de déminage assure la collecte.


Petit à petit, chaque parcelle est nettoyée, labourée, ensemencée.

Les prisonniers "boches" aident les habitants à remettre leurs terres en état.

Et la vie reprend.

Tandis que l’on fait les premières récoltes à Beine, la zone rouge étendue à l’infini attire la population et devient la promenade du dimanche.

Par train ou par taxi, de Reims, des familles entières viennent constater l’ampleur des combats et des destructions : les tranchées sont encore intactes.

Les jeunes démobilisés viennent s’amuser, en semaine, à tirer sur les grenades alignées et sur les gourdes récupérées et remplies de la poudre des cartouches trouvées.

A Beine, on s’active pour reconstruire en dur. Pour ce faire, on fait appel à la main d’oeuvre étrangère et on les voit arrivés par centaines, tous ces hommes originaires d’Italie, d’Espagne et même de Pologne. Ils viennent par groupes ou isolés, souvent issus du même village, de la

même famille, attirés par ce travail qu’ils connaissent et par les récits de ceux qui enreviennent.


Beine 1920, tout se reconstruit.

L’église de Beine est classée monument historique.

Les bombardements français ont achevé la destruction de l’édifice dont il ne reste que

quelques murailles et les arcades de la grande nef.

La reconstruction entreprise par les Beaux-Arts commence au printemps 1925. Une rue porte maintenant le nom de Mme Huguet en souvenir de sa générosité pour la reconstruction de Beine. Cette rue menait à l’ancien puits, château d’eau de la commune qui abrite désormais l’observatoire astronomique.

 

Civils :

L'abbé Clément MARION est dans l'église de Beine, avec une lampe à la main.

Il est vu par un Allemand. La porte du clocher étant proche de la porte de la sacristie, cet Allemand accuse Mr le Curé de faire des signaux aux Français qui se trouvent sur le Mont Cornillet et le prend pour un espion.

 

Mr Ernest CONCE, clerc de notaire a toujours sur lui un papier et un crayon. Un Allemand lui demande son chemin. Ne connaissant pas l'allemand, Ernest lui explique par un petit croquis. L’Allemand le prend pour un espion communiquant des plans au Français .

 

Le 20 septembre, arrestation du curé, de l'abbé Marion et de l'organiste, soupçonnés d'espionnage. Ils sont interrogés sommairement, conduits à Pontfaverger,

Ils sont interrogés et ligotés sur une chaise dans une cave, le canon du fusil sur la tempe pendant 48 heures. Le train les emmène ensuite à Rethel, 4 jours de cellule, nouvel interrogatoire plus bienveillant, mais encore 6 semaines de prison. Ensuite ils sont emmenés dans les Ardennes et reviennent après la guerre à Beine.

 

Curieusement leurs destins restent liés car quelques années plus tard , l’abbé Marion a une crise cardiaque sur les marches de l'autel, au milieu de la messe du Dimanche 28 Décembre 1941, sans trop de gravités. Le 30 Décembre Ernest CONCE décède subitement. L'abbé Marion décède le 2 Janvier 1942, jour de l'enterrement d'Ernest CONCE.

 

Voici une photo de propagande des Allemands
Voici une photo de propagande des Allemands
Voici la vrai explosion du clochet de Beine
Voici la vrai explosion du clochet de Beine

Nauroy

Nauroy, village détruit pendant le premier conflit mondial dont le nom est rattaché à la commune de Beine. Aujourd'hui, une chapelle rappelle l'existence de ce village dont il ne reste que le cimetière. L'association "Les amis de Nauroy" oeuvrent pour faire vivre le souvenir de Nauroy. 

Voici le témoignage d'une personne descendante d'une famille habitant Nauroy pendant la guerre:

Les allemands occupaient les maisons de Nauroy. Les hommes valides ont été emmenés en Allemagne comme prisonniers civils pendant 4 ans. Certains civils travaillaient aux champs, ils étaient gardés par des soldats allemands.Ils mangeaient ce que la cantinière allemande faisait et celà pendant plusieurs mois jusqu'au recul de l'armée allemande. Les allemands ont emmené le reste des civils de Nauroy à Pointéron jusqu'à la fin de la guerre.

Nauroy aprés la guerre

Mr Chamelot-Machet, maire de Nauroy, jure de ne pas retourner dans ce village. Beaucoup suivent son exemple: la famille Aubert se fixe à Aigny, les Guérin à Vaudemange, les Lundi à Warmeriville.

En septembre 1919, lors de la réunion des maires des « communes mortes» à Epernay, les maires de Nauroy et Moronvilliers décident d'abandonner leur communes déclarées « zone rouge».

 

De nombreux habitants ont fui,mais d'autres ont préféré rester cacher par peur de perdre la vie pendant les bombardements. Leur seul refuges sont les caves, les maisons ont toutes été détruites, il n'en reste plus que de la poussière, des tas de ruines et quelques cadavres allongés au sol,il ne reste plus rien après 4 ans de guerre.Il est impossible de retrouver les rues et les chemins.Partout le sol est creusé de profonds entonnoirs, hérissé de barbelés, sillonné de tranchées dans tous les sens.La craie est à nu.

 

Aujourd'hui, l'association "les amis de Nauroy" veulent reconstituer l'emplacement du village détruit. Les tracés des maison sont visibles.

 

photographie de nauroy (aujourd'hui) prise par M. Godin
photographie de nauroy (aujourd'hui) prise par M. Godin
carte de Nauroy